Un phénomène naturel, tel que la grande crue de l’Aude, de ce mois d’octobre, resitue l’état naturel de notre territoire. Ici, indéniablement, nous sommes chez l’Aude, dans le lit de ce grand fleuve. Un fleuve qui traverse un paysage de reliefs. Ces mêmes reliefs qui retiennent les masses nuageuses. Dans le climat méditerranéen, les précipitations sont violentes en automne, au printemps aussi.
La proximité des montagnes, d’un côté les Pyrénées et de l’autre la montagne Noire donne naissance à un nombre important de rivières et de cours d’eau. De bassin versant en bassin versant.
Macron est arrivé mais avant lui et avant Jésus-Christ (pourquoi lui ici ?), des fleuves de populations ont choisi l’eau plutôt que la sécheresse des plateaux.
Nous avons continué au fil des siècles à nous agglomérer le long de ces cours d’eau sauvages, parfois trop secs, parfois torrentiels.
Rien n’y fera, contre tous les limnigraphes du monde bien ajustés ou avec tous les élus les plus rodés, les gens continueront à regarder l’eau monter sur leurs pantoufles.
Peut-être qu’il n’était pas prévu au départ que nous accumulerions autant de bazars et de matériels et peut-être n’était-il pas prévu que nous y soyons autant attachés.
Peut-être que longtemps nous avons laissé couler et partir nos affaires avec les eaux violentes de nos contrées.
Et que, comme tout bon peuple nous résiliâmes !
Non, ici la matérialisation de notre monde a bétonné couche sur couche, sur les terres et dans nos têtes, pour que la violence des sentiments et du courant fasse embâcle dans nos vies, heureusement, si souvent, paisibles sous le soleil.
Catherine Jauffred
Publié avec l’aimable autorisation de la « Semaine du Minervois »